Ma mère sans visage, Christine Deroin,
Oskar Jeunesse, 2008, 10,95 euros,
Roman jeunesse dès 11 ans
Résumé : Cathy a choisi de donner la vie… à Sylvère… en accouchant sous X. Un crayon à la main, elle met à nu son sentiment d’échec, ses angoisses et sa douleur. Dix-huit ans plus tard, Sylvère l’abandonné, devenu Bastien l’adopté, veut « reconstituer le puzzle et enfin être quelqu’un ». À la veille de rencontrer sa mère ressurgissent ses questions et ses angoisses.
Mon avis : Ce livre me tentait beaucoup de par son sujet délicat. j’aime toujours voir la façon dont les auteurs abordent des thèmes sensibles pour en parler aux plus jeunes.
Cathy est une jeune femme qui a pris la décision d’accoucher sous X. Geste d’amour ou d’égoïsme ? Difficile à dire. Dix-huit ans plus tard, son fils désire la revoir. Elle accepte.
Ce livre se découpe en deux parties. La première est racontée par Cathy, la maman qui vient d’accoucher et qui va abandonner son fils dans quelques jours. Nous suivons donc son ressentit durant ce laps de temps où elle vit auprès de son fils. Elle se met à nue face à ses émotions, ses craintes et envies. Comment est-elle tombée enceinte ? Pourquoi décide-t-elle de laisser son enfant ? Va-t-elle changer d’avis ? Quel est le regard du personnel hospitalier à son égard ? Quelle sera sa vie après ?
Tant de questions …
La seconde partie du livre se passe dix-huit ans après, une semaine avant que Cathy et son fils se retrouve. Cette fois-ci c’est Bastien qui parle. Nous vivons cette attente de son point de vu. Lui aussi a un tas de questions, trop longtemps restées sans réponses. Il est excité, impatient et terrifié à la fois. Quoi de plus naturel ?
J’ai vraiment beaucoup aimé ce court texte car on entre au cœur de l’intimité de ces deux êtres que la vie a séparé. Ces deux être pourtant si proches qui auraient dû s’aimer à jamais. Dix-huit ans après c’est une renaissance pour tous les deux.
Le texte est court mais touchant. L’auteur livre ici les émotions avec des mots simples et justes. Pas besoin de plus pour décrire une telle situation.
Si j’ai toutefois une remarque à faire, c’est que le récit s’arrête au moment de la rencontre. Après quelques timides paroles échangées, nous sommes contraints de quitter ces deux personnages auxquels on s’est attachés.
D’un point de vu d’auteur, c’est effectivement le bon moment pour arrêter le récit. On quitte mère et fils, comme pour leur laisser l’intimité dont ils ont besoin et les dix-huit années à rattraper. Mais du point de vu du lecteur, dur dur ! On aimerait nous aussi en savoir plus. Qu’à fait Cathy durant ces dix-huit années ? Comment a-t-elle vécu son choix ? L’a-t-elle regretté ? … C’est au tour du lecteur d’avoir un tas de questions. C’est un peu frustrant.
Malgré tout c’est un très beau livre. Un livre que je conseille si le sujet vous touche.
Dans son ventre, jusqu’à sa mort, restera un grand vide. Dans sa tête, chaque jour, une interrogation lancinante. Dans son chagrin et ses soupirs, une tristesse indestructible.
4/11
Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge Petit Bac 2013, organisé par Enna.
